Stéphan Riegel
il est entre neige et nuit
cela ne porte pas d’heure précise
il est entre neige et nuit
sans forcément leur jonction
sans possiblement dire quelle est la retirée
à la tombée l’on devine
de l’une l’autre
ce milieu silence
***
des fois j’existe
à partir de maintenant
à partir de ton corps
à ton mollet concret
à la joie de tes yeux
à l’alcool de ta bouche
des fois j’existe
je ne sais si c’est plus justement
que si j’étais sans toi
***
je te regarde par tant de vitres et tellement de regards
qu’ils me viennent naître le même et n’être que le peu de
de tous ceux que je pose sur toi
je te regarde par tellement de mes regards
avec mes mains et mes genoux qui plient mal
et jusque dans la chair de ma voix
mais je ne sais pas jurer que c’est toi
pas jurer que c’est toi que je vois tous les jours
***
la table est un jardin
qui retient le matin
la rose y chiffonne des pétales défaits
je porte cette ombre sur mes os
autour les parfums s’emmêlent bagarres futiles
et des saucisses qui grillent dans le feu de l’été
drapeau vert de l’herbe solitaire
les heures ont la souplesse des rubans
la vie est un cantique superbement simple
***
je thésaurise au cœur tes absences
ça je sais
je sais n’a pas de sens
je thésaurise tes
toutes tes
comme des semences qui feraient sens encore du sens
jusqu’à l’os creux du silence
qui nous muselle et en travers de nos gorges
je thésaurise tes absences
au cœur mes seuls indices de ta présence
ça je sais tout
tout ce que tu as laissé de présence
où se rassemble moi